séminaire accueilli par le cehta (centre d'histoire et de théorie des arts) /ehess
maîtres de conférences en arts plastiques à l'université de lille 3, membres du ceac
docteures de l'ehess en histoire et théorie des arts, chercheures associées au cehta

contact : valerie.boudier(at)univ-lille.fr ou annecreissels(at)orange.fr

séance du vendredi 29 mars 2019

Giorgio Fichera, diplômé en Histoire de l’art à l’université La Sapienza de Rome, prépare une thèse au Centre d’histoire et théorie des arts (CRAL/EHESS) sous la direction de Giovanni Careri. Ses recherches se concentrent sur l’imaginaire, l’image et les représentations du corps dites homosexuelles dans la première modernité et de leurs réceptions contemporaines, dans une perspective queer de la problématisation des genres et des identités sexuelles. Membre du comité de rédaction d’Images Re-vues, il a fait partie de l’équipe du projet Le geste amoureux, LABEX CAP 2014-2015. giorgio.fichera(at)gmail.com

« Di dòne o di garzoni. Offre scopique et indifférence picturale entre le XVIe et le XVIIe siècle »

Battistello Caracciolo, Deux garçons aux grappes de raisin, vers 1605-1610
Musée national d'Australie-Méridionale, Adélaïde, Australie


A partir de l’analyse d’un tableau de Battistello Caracciolo, Deux garçons aux grappes de raisin, qui s’inscrit dans une lignée d’images énonciatives d’offre sensuelle au spectateur, il s’agira d’interroger l’assignation du contenu homosexuel greffé par la critique contemporaine sur certaines œuvres réalisées entre le XVIe et le XVIIe siècle.

L’ambiguïté des gestes et la construction corporelle de l’image sont des éléments novateurs dans une typologie de la représentation qui se démarque par une résistance à la nomination iconographique – Roberto Longhi a parlé à propos des tableaux de Caravage de « anti soggetto » ou « senza soggetto » – et par des mécanismes figuratifs indifférents au genre comme à l’orientation sexuelle. 

séance du vendredi 25 janvier 2019

Antonella Fenech
Historienne de l’art de la première modernité, Antonella Fenech est chargée de recherche au CNRS et directrice adjointe du Centre André Chastel (CNRS/Sorbonne Université). Ancienne pensionnaire de l’Académie de France à Rome, ses travaux sur les productions artistiques et visuelles de la Renaissance considèrent la dimension sociopolitique et culturelle de ces dernières (entre autres publications: Giorgio Vasari. La fabrique de l’allégorie, 2011 ; Histoire de Florence par la peinture, 2012; Les façades peintes (XVe-XVIIe) en préparation, co-auteur Jérémie Koering). Actuellement, ses recherches portent sur les pratiques ludiques dans les images prémodernes et sur l’inversion et le renversement du corps dans la culture visuelle de la modernité (Upside down.Corps à contresens, en préparation). Elle enseigne et est co-organisatrice avec Francesca ALbErti du cycle de workshops Corps troublants. images et imaginaires dans la première modernité. 
antonellafenech(at)gmail.com

« Gestes ludiques, ou de la Bildgenese du corps sportif prémoderne »

Christoph Weiditz, Deux Amérindiens jouant à la balle, dans Der Trachtenbuch, 1529, 
Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg, Hs. 22.494, 4°, folios a 10-11


Au cours de ce séminaire seront considérés l’essor et la place de l’exercice physique dans l’imaginaire prémoderne en questionnant des images qui rendent compte des processus par lesquels les jeux - et les gestes qui y sont associés - ont contribué à la mutation de la représentation visuelle et de la valeur donnée au corps "sportif", comme à la définition des espaces, des groupes sociaux et des codes comportementaux.

Si les images rendent compte des pratiques liées au "temps affranchi" et de la complexification de la notion même de jeu, elles sont le lieu d’un chassé-croisé que l’on étudiera en prenant en compte la re-sémentisation (culturelle, politique, juridique, médicale…) de ces pratiques pendant la première modernité. L’étude de quelques cas spécifiques sera l’occasion de débattre à la fois autour des premières conclusions d’une recherche en cours et de l’approche méthodologique adoptée. 

séance du vendredi 30 novembre 2018

Ariane Martinez
maîtresse de conférences en études théâtrales, Centre d’étude sur les arts contemporains, Université de Lille, ariane.martinez(at)univ-lille.fr


« La contorsion, art-chimère »

Ces spectateurs hallucinés de voir surgir un cul sur une tête, dont les yeux s’exorbitent devant l’apparition d’un entre-jambe distendu à deux doigts d’une bouche, d’un nez frôlant un derrière, ont un sursaut moral et soliloquent ainsi : « Où est le beau ? Le transcendant ? La conquête ? Nous comprenons fort bien la victoire d’un être humain sur la peur, sur la pesanteur, sur l’animal, et même sur le public. Mais la victoire de l’animal sur l’être divin, sacré ? Peut-on appeler victoire le fait de respirer son cul ? De sucer son gros orteil par-dessus l’épaule ? De flairer la plante de ses propres pieds ? » Eh bien oui, Messeigneurs, parce que le corps devient la pensée. La hiérarchie officielle des valeurs corporelles devrait être entièrement revue et corrigée. La cheville vaut le cou, la clavicule le sexe, le front n’a pas moins de noblesse lorsqu’il se trouve ramené à la hauteur des hanches. 

Roland Topor (textes), Patrice Bouvier (photographies), Les Contorsionnistes, Paris, Editions du collectionneur, 1993, p. 8-9. 

 Lise Pauton © Kotini JR - RaieManta Cie
Date : 20 octobre 2017
Discipline acrobatique fondée sur la souplesse extrême, la contorsion est un art foncièrement ambigu – tant sur le plan herméneutique que sur le plan moral. En témoignent les connotations négatives du terme dans la langue courante : le geste de se contorsionner est en général associé au malaise, à la douleur ou à l’hypocrisie. En France, les sources sur cet art demeurent rares et partielles : les plus récentes consistent en des recueils de photographies (1), les plus anciennes sont des chapitres d’ouvrages datant de la fin du XIXe siècle (2). Il s’agit pourtant d’une pratique millénaire, présente sur tous les continents, qui date de bien avant le cirque occidental moderne, né au XVIIIe siècle. 

La contorsion sera ici moins examinée en elle-même, que pour ce que son évolution révèle de la conception du corps dans nos sociétés occidentales – l’ambiguïté y étant tantôt refoulée, tantôt assumée. Les "disloqués" du XIXe siècle, proches des phénomènes, ont laissé place au XXe siècle à une discipline gymnique démonstrative, et à partir des années 1980-90, à une dramaturgie fondée sur la fluidité du geste et la sensation intérieure. Dans le même temps, la contorsion a "changé de genre", et s’est largement féminisée – évolution qu’il s’agit d’interroger au regard des valeurs associées au féminin (grâce, souplesse allant jusqu’à la flexibilité). En outre, dès lors que ce qui apparaît au public relève de "l’invu", les postures contorsionnées posent un certain nombre de questions méthodologiques sur les interactions entre geste, image et discours, mais aussi sur la relation acteurs-spectateurs. Enfin, les corps contorsionnés, qui ont une dimension chimérique, convoquent un certain nombre de contenus mythiques, qui ont trait aux métamorphoses animales, à la marionniettisation des membres, et à l’obscénité. Ce sont ces éléments que j’explore à travers plusieurs pratiques de recherche : la résidence d’artiste de Lise Pauton à l’Université de Lille en 2018-2019 (qui associe pratiques d’échauffement, commentaire de ses œuvres et échanges en direction de la création), la recherche documentaire historique, et les entretiens auprès de contorsionnistes. 

(1) Michel Louis, Contortionists, Allemagne, Europa Verlag, [sd, photos des années 1970] ; Michel Louis, Contortionists, vol II, Cauvigny, Editions Michel Poignant, 1983. Roland Topor (textes), Patrice Bouvier (photographies), Les Contorsionnistes, Paris, Editions du collectionneur, 1993. 

(2) G. Strehly (textes et dessins par), L’Acrobatie et les acrobates, Paris, S. Zlatin, 1977 [1881] ; Guyot-Daubes, Curiosités physiologiques : les hommes-phénomènes – force – agilité – adresse : hercules, coureurs, sauteurs, nageurs, plongeurs, gymnastes, équilibristes, disloqués, jongleurs, avaleurs de sabres, tireurs, avec 62 gravures et 2 planches hors-texte, Paris, Masson, 1885.


séance du vendredi 29 juin 2018

Magali Goubert est diplômée d’un Master en Création artistique, spécialité danse-thérapie (Paris 5, Université René Descartes), et actuellement doctorante sous la direction d'Anne Boissière au CEAC (Centre d’Etude des Arts Contemporains, Université de Lille SHS). Sa recherche porte sur le mouvement expressif entre danse et dessin. Artiste-designer et danseuse, elle intervient comme art-thérapeute auprès d’enfants en souffrance psychique (Hôpital Delafontaine, Seine-Saint-Denis) et organise le Labo danse-dessinée où danseurs et plasticiens se rencontrent pour un dialogue expressif transdisciplinaire. Loin du traditionnel clivage des arts, ce continuum entre danse et dessin constitue à la fois sa spécificité d’art-thérapeute et la colonne vertébrale de sa recherche. magali.goubert(at)gmail.com, https://www.association-maia.fr

« Comment observer le mouvement expressif d’un dessin »



Dans une approche descriptive, qualitative et phénoménologique, Magali Goubert propose d’observer les mouvements expressifs de dessins à partir d’outils initialement conçus pour la danse. Praticienne assidue de danse et de dessin, elle intervient comme art-thérapeute en unités de soins psychiques pour enfants (Seine-Saint-Denis). Son dispositif a la spécificité d’articuler les médias danse et dessin autour de l’expression du mouvement. 

Outre les fonctions thérapeutiques de ce dispositif bi-modal, les traces "tangibles" et durables que représentent les dessins réalisés en séances s’avèrent être de formidables supports d’observation des processus traversés par les patients. Ces traces graphiques témoignent, autant que la danse, d’états émotionnels spécifiques engagés dans les mouvements. 

A l’occasion du séminaire et dans le cadre de sa thèse, Magali Goubert nous invitera à repérer les qualités expressives de mouvements de dessins par l’usage des outils d’analyse de l’Effort élaborés par Rudolf Laban, l’un des plus grands théoriciens de la danse et du mouvement. Une occasion de porter un regard décalé sur le dessin, prêtant attention à la manière dont il se présente au monde en deçà de ce qu’il en représente. 



séance du vendredi 13 avril 2018

Audrey Gouy
Docteure de l’Ecole pratique des Hautes Etudes/Paris Sciences-lettres Research University et de l’Université Ca’ Foscari à Venise. Enseignante-chercheuse en histoire de l’art antique et archéologie à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. 

« Polysémie du geste étrusque : le rituel au prisme de l’iconique (VIIIe-IVe siècle avant J.-C.) »


 Relief funéraire provenant de Chiusi (scène de symposion). Pietra fetida. Ve siècle avant J.-C.
Berlin, Staatliche Museen (inv. 1237)





Nous appréhendons le geste comme un élément-clé de « l’image-discours » et du rituel. Ainsi, l’un des axes de notre recherche actuelle s’articule autour de la question des gestes cérémoniels en Italie préromaine, à savoir les attitudes, postures et actions motrices codifiées qui marquent le rituel étrusco-latin et fondent des systèmes de cour. Nous limitons notre étude aux gestes liés à l’utilisation de substances liquides telles que le vin, l’eau, le sang, le lait et les huiles. Le même traitement alambiqué des mains, sorte de cheironomie, se retrouve dans les scènes de danse, mais aussi dans les scènes de combat ou de rituel funéraire, ce qui laisse supposer une polysémie du geste. Ce dernier serait adaptable au contexte de l’image et au médium qui l’accueille. 

La rareté de sources textuelles directes conduit à privilégier les sources iconographiques et archéologiques, et ainsi à se concentrer sur le système des gestes cérémoniels. Notre approche est anthropo-iconologique. Une étude typologique a permis de dresser un répertoire de plus de 4000 gestes iconiques, ou schemata. Leur étude révèle la codification et la condensation opérées par les imagiers et la temporalité qui est engendrée dans l’image par l’agencement de ces différents gestes. L’étude développe ainsi, et de manière complémentaire, l’épisémiotique. Le geste, tiré de la gestualité d’ensemble d’un rituel donné, est recomposé dans l’image afin de rendre le médium propitiatoire et de conserver la dimension agissante du rituel au travers de l’image.


séance du vendredi 9 février 2018

Maud Cosson et Sonia Recasens

Autour de l'exposition Poétique du geste 



avec les oeuvres de Ninar Esber, Megumi Matsubara, Najia Mehadji, Myriam Mihindou, Mari Minato, Julie Nioche-A.I.M.E., Selma et Sofiane Ouissi, Golnaz Payani, Natalia Villanueva Linares.

"Attachée à l'expérience, l'exposition Poétique du geste réunit des artistes internationaux pour une réflexion sensible autour du geste, qu'il soit quotidien, rituel, individuel ou collectif. Leurs propositions transdisciplinaires ont en commun de placer l'oeuvre dans le geste et de mettre le geste à l'oeuvre pour sonder ses liens avec la trace, l'objet, le signe, le langage, le temps ou l'Autre. Ici, la peinture se confronte au rituel, la photographie à la sculpture, le dessin à la performance, la danse à l'artisanat... Du dialogue des pratiques de chacun naît une invitation à tisser des liens, à partager et à échanger."

Commissariat
Maud Cosson, responsable de la Graineterie, centre d'art municipal de la ville de Houilles
Sonia Recasens, commissaire d'exposition indépendante

séance du vendredi 19 janvier 2018

Antonella Poli & Jocelyne Vaysse 
Antonella Poli est philosophe de formation, chercheure en danse, membre de l’ACD, journaliste, fondatrice de la revue on-line Chroniquesde danse.com, antonella.poli(at)notedidanza.fr
Jocelyne Vaysse est docteure en médecine (psychiatrie) et docteure en psychologie, HDR, auteure de La Danse-thérapie. Histoires, techniques, théories, L’Harmattan, Paris, 2006, jocelynevaysse(at)orange.fr              

« L’inscription de l’ambiguïté dans l’œuvre chorégraphique de Jérôme Bel »



La danse sécrète de nombreuses ambiguïtés : le mouvement dansé peut-il être ordinaire ; doit-il apparaitre virtuose, formel (rythmicité, spatialité… ), esthétique, ordonné dans les présentations scéniques… ? Ces variations performatives et expressives - toujours « in-définies » - sont questionnées au regard de l’œuvre de Jérôme Bel. Ces pièces, elles-mêmes, attisent la polémique quant à ses propositions ambiguës de l’exercice spectaculaire de cet art. Voire de son détournement au point de sortir de ce champ ? 

Ce chorégraphe contemporain n’a cessé de s’extraire du « bien danser » pour s’engager dans un parcours atypique qui teste les fonctions et limites propres à la danse et sa contingence au contexte social, qui déborde et transgresse en réunissant professionnels, amateurs, valides et handicapés devenus « handi-capables ». 

Les contours, intersections, superpositions, innovations de la danse intégrée et de la danse adaptée dans ses rapports à la danse - spectacle sont abordés à partir de Gala (2015) ; de la reprise (2017 - Festival d’Automne de Paris) de The show must go on (2001) par la CandoCo Dance Company dont on dira la particularité ; d’une autre compagnie à l’existence singulière la MoMA Dance Company (2016) au  sein du prestigieux musée d’Art Moderne de New York.

séance du vendredi 17 novembre 2017

Annick Delannay, doctorante en anthropologie sociale et ethnologie IRIS Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux Sociaux UMR 8156 CNRS - U997 Inserm - EHESS - UP 13, adelannay75(at)gmail.com

« La Guadeloupe en trans' : subjectivités, pouvoirs, émancipations »


En 1946, quatre anciennes colonies françaises, La Guadeloupe, la Martinique, La Guyane et la Réunion se voient accorder le statut de département français de plein droit. Pourtant 20 ans après la promulgation de cette loi de la départementalisation appelée aussi loi de l'assimilation, les inégalités sociales demeurent profondes avec les départements de la métropole, et en Mai 67 on débouche sur une grave crise sociale sans précédent en Guadeloupe où l'armée française va tirer sur des citoyens français. À ce jour, le nombre de morts n'a jamais été révélé et les dossiers juridiques sont toujours classés top secret aux archives de Gourbeyre en Guadeloupe. Dès lors, se mettront en place diverses formes de résistances à ce que nous appelons en sciences sociales, les « formes de dominations » en situations post-coloniales.

Mon travail de recherche ces dernières années a été d'identifier des acteurs (individus, groupes...) peu politisés (ou en voie de politisation) afin d'analyser comment se manifestent les différentes formes de résistances ainsi que les subjectivités qui définissent les dynamiques internes de la société Guadeloupéenne. L'appréhension de la domination, du système hiérarchique et des stratégies mises en place pour les contourner sera fondée sur une observation localisée pour comprendre les relations de pouvoirs ou d'émancipation qui s'y jouent et les enjeux qui les sous-tendent. En effet, les espaces publics et notamment la rue sont devenus de véritables scènes où « le drame » est à prendre au sens d'actions et de représentations de « ce qui est en mouvement afin de provoquer la découverte des vérités cachées au sein de toutes les affaires humaines » (Balandier 1992)... Au cœur de la vie quotidienne, ces gestes ambigus des acteurs : transpositions esthétiques, défilés commémoratifs du 1er mai ou encore la mise en scène d'une partie de chasse des kalinas par des lycéens, au parc des roches gravées de Trois-Rivières (caraïbes disparus de Guadeloupe à cause de la colonisation), pourraient trouver écho dans un besoin de création de nouvelles formes social-historiques à la manière Castoriadiste et de pose de jalons pour une redéfinition de l'identité. Pour ce dernier en effet : « chaque société est une création, que chaque société s’auto-institue en créant son propre monde qui est le monde pour elle et qui, en fin de compte, est cette société même » (in O. Fressard).

À la croisée de l'anthropologie politique, de la philosophique politique et de la sociologie critique, je propose une discussion autour d'une anthropologie « de la domination » et de la « translation » afin de partager mais aussi confronter nos méthodologies et nos expériences de terrain dans le plus simple esprit de partage, avec comme supports des auteurs tels Bourdieu, Appadurai ou encore Balandier. 


vendredi 16 juin 2017

Olivier Goulet, artiste http://goulet.free.fr/, goulet(at)free.fr 

« Chant de gestes : tentative d’ambiguïté » 
(conférence performative) 



Comment le sens émerge-t-il de ce magma gestuel et sonore que nous produisons ? J’engagerai un dialogue entre des considérations théoriques et mon expérience propre en m’appuyant sur mes différentes pratiques transmédia : les ambiguïtés de représentation de la peau avec la création des membranes synthétiques SkinBag ; la gestion de l’ambiguïté relationnelle dans certains dispositifs performatifs (baisers protégés) ; la valeur des gestes dansés et le positionnement de son corps dans notre quotidien ; la manière de toucher l’autre par le massage, entre autres. 

L’ambiguïté est une belle porte d’entrée pour aborder les notions de jouissance, de vertige, d’exhibition, de malaise, de mutation, d’optimal, de caresse, comme un jeu avec la norme, l’usuel et l’être soi-même.  

Sans en rester à une description des gestes ambigus, le cœur de mon projet est de parvenir à les incarner. Des bugs sémantiques laisseront la place à un temps d’improvisation avec une mise en danger du corps, à la limite de la folie et du ridicule, pour atteindre un état de vibration émotionnelle particulier. Le non verbal envahira l’espace à la recherche de limites gestuelles et sonores, en prenant les accidents comme autant de balises et de pistes à suivre. Les variations chantées et harmoniques parviendront-elles à s’articuler pour produire du sens ? Comment une désorganisation gestuelle se cristallise-t-elle et devient rituel ? La signifiance et l’interprétation sont en embuscade contribuant à l’ambiguë rugosité de notre rapport au monde.



séance du vendredi 19 mai 2017

Panayota Volti, danseuse et maître de conférences en histoire de l'art médiéval à  l'université Paris Ouest Nanterre La Défense, panayota.volti(at)u-paris10.fr

« Danses populaires et danses aristocratiques au Moyen Âge tardif : l'ambiguïté signifiante des gestes » 

Albrecht Dürer, Danse de mascarade avec flambeaux, gravure, 1516, National Gallery of Art, Washington









À travers quelques exemples tardo-médiévaux de nature et d'expression différentes, nous examinerons comment la danse, dans son acception de mouvement intentionnel, rythmé et orchestré, jouait le rôle de suggestion visuelle animée qui, par associations analogiques, guidait les spectateurs à des interprétations sémantiques. 



séance du vendredi 28 avril 2017

Julia Maillard, doctorante au CRAL/EHESS, isabeaujulia.maillard(at)gmail.com


« Démasquer par le geste. L’ambiguïté des gestes (dis)simulés, ou le déguisement comme nouvelle expérience des cadres de la visibilité (de l’image) de soi aux XVIe et XVIIe siècles  » 

Anonyme anglais ou flamand, Portrait d’une Dame de la Famille Hampden
vers 1610, huile sur toile, 201.3 x 120 cm, 
Rhode Island School of Design Museum, Providence

A la fin du XVIe siècle, le nouveau rapport au geste du corps et aux gestes de son corps comme langage des émotions et présence dans le monde réagence les composantes de l’identité et de sa visibilité « publique » sous un masque feint et ambigu amorçant la genèse d’une nouvelle sorte de déguisement. 

Il s’agira de démasquer ces gestes (dis)simulés dans leur énonciation et de réfléchir sur leur rôle dans la reformation du cadre de l’expérience de la visibilité de l’image identitaire (de soi) au XVIe siècle. Trois typologies seront abordées : l’ambiguïté du geste, le masque de la gestuelle et la reprise de gestes. Je tenterai de les articuler à la notion tout aussi ambiguë de (dis)simulation pour comprendre en quoi et pourquoi les gestes au XVIe siècle peuvent entrer dans la catégorie du déguisement selon leur cadre. Autrement dit, je me poserai la question « à qui appartient le geste performé et agi » : au personnage ou à la personne masquée ? 

Cette réflexion qui entendra également faire un état de ma recherche en cours permettra de mieux comprendre ce qui (re)présentait l’identité dans la pensée de l’époque et les mécanismes (in)conscients et sociaux de sa visibilité, inscrivant l’homme renaissant dans un monde résolument « moderne ».

séance du vendredi 24 mars 2017

Catherine Vermorel, docteur en histoire de l'art moderne, chercheure associée au LARHRA, catherine.vermorel(at)wanadoo.fr


« De la rhétorique au geste. L'actio dans le portrait peint de la Renaissance italienne » 

Bartolomeo Passarotti, Portrait d'un homme, 1550-1592
huile sur bois, 97 x 79 cm, Leipzig, Musem der Bildenden Künste

Des portraitistes tels qu'Ambrogio de Predis ou Botticelli au Quattrocento, ou encore Titien ou Bartolomeo Passerotti au siècle suivant, ont représenté des gestes décrits par Quintilien dans l'Institution oratoire (De institutione oratoria). Ce traité du Ier siècle après J.C. sur la théorie et la pratique de la rhétorique fait partie des textes incontournables de la Renaissance après sa redécouverte en 1416. Au livre XI, l'auteur s’intéresse à la posture de l'orateur et à sa gestuelle qui engage l'ensemble du corps dans le but de favoriser la diction, la mémoire et l'expression. Il est à la base de l’élaboration d’une véritable mise en scène du discours, dont on retrouvera l’influence majeure dans la prédication, la déclamation et le théâtre. On trouve aussi sa trace dans les traités des maîtres à danser lombards de la fin du XVe siècle et dans les théories sur la peinture. Mais cet ouvrage bénéficia, parallèlement, d'une réception liée aux qualités de son auteur, observateur attentif de la petite enfance et patient pédagogue : c'est bien de l'éducation de l'orateur qu'il est question. On retrouve son impact dans la réforme éducative du début du Quattrocento, puis dans les traités de savoir-vivre du siècle suivant. 

Cette conférence sera centrée sur la lecture qu'ont pu en faire les peintres et leurs commanditaires à la Renaissance.



séance du vendredi 17 février 2017

Anaïs Lelièvre, artiste plasticienne et MCF Formation en Arts plastiques à Aix-Marseille 

« Les gestes du dessin » 



Les gestes du dessin seront interrogés à partir des expériences de quatre artistes qui dessinent mais qui aussi performent : Christine Coste, Bertrand Flachot, Anaïs Lelièvre et Nicolas Rozier. L’attention que la performance centre sur l’action du corps permet-elle, à rebours, en parallèle ou en avance, d’éclairer ou de creuser la dimension gestuelle dont procède le dessin ? Qu’est-ce qui se joue, se préserve et se déplace, entre l’action physique et la production graphique qui en porte les impacts, glissements et vacillements ? Nous chercherons à pointer une existence du geste au croisement du processus incarné et de l’image finalisée, dans une zone entre-deux, qui ne saurait être réduite à une performance publique ni à la représentation d’une action. En filigrane, l’un des enjeux est aussi d’interroger le regain actuel pour le dessin non comme un retour mais comme un renouvellement, intégrant notamment l’expérience des formes performatives et processuelles développées dans la création contemporaine.



séance du vendredi 20 janvier 2017

Hervé Quenolle est artiste. Il enseigne les techniques de la peinture aux Ateliers du Carrousel / Les Arts décoratifs, Paris
herve.quenolle(at)wanadoo.fr 

« ouvrir / couvrir le tableau » 

Hervé Quenolle, Tableau-écorché, séance de travail
(couche de peinture étendue sur bâche puis déposée sur bois), © Alexandre Michaan (2015)




Le fait de ne pas utiliser de pinceau oblige à inventer de nouvelles façons de manipuler la couche picturale. On essayera de repérer les similitudes que cela peut présenter avec d’autres gestes et d’autres pratiques.



séance du vendredi 16 décembre 2016

Jeanette Zwingenberger est historienne de l'art et commissaire d'exposition indépendante. Depuis sa thèse, Hans Holbein le Jeune, L'Ombre de la mort (Parkstone, Londres 1999), elle questionne l’ambivalence des images doubles, multiples, cachées ou accidentelles. Elle était commissaire de l'exposition Une image peut en cacher une autre: Arcimboldo, Dali, Raetz, Galeries nationales du Grand Palais du 8/04 au 06/07/2009, Paris et L’Homme-Paysage, Visions artistiques du paysage anthropomorphe entre le XVIe et le XXIe siècle, Palais des beaux-arts de Lille, du 15/10/2006 au 14/01/2007. 


« Le bâton phallique du commandant »



La piazza della Signoria à Florence est un théâtre où se joue une scène politique et érotique dont les acteurs sont les sculptures monumentales ainsi que la fontaine nuptiale.



séance du vendredi 18 novembre 2016


Présentation, par Valérie Boudier et Anne Creissels, du cadre du séminaire et finalisation du programme de l'année en fonction des propositions de présentations.



séance du vendredi 17 juin 2016

Ana Cecilia Hornedo Marin, doctorante en sciences sociales, théorie et histoire de l’art à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Ehess, Paris). Sa thèse en cours s’intitule : « La figure de l’artiste révolutionnaire au XXe siècle. Le muralisme, des années 1920 aux années 1940 ». Elle est professeur à l’Ecole Spéciale des Travaux Publics où elle est membre de l’Institut de Recherche en Constructibilité (Estp/Irc, Paris). 

« L’ambiguïté des gestes de lutte dans la peinture murale mexicaine du XXe siècle »


José Clemente Orozco, Reconstrucción, o Revolución Social, fresque, 1926, 
Escuela Industrial (aujourd’hui mairie) Orizaba, Veracruz


Si la genèse du geste du poing levé avec la paume serrée et l’avant-bras tendu est propre à l’Europe du début du XX siècle (Allemagne, 1924), au Mexique ce geste adoptera d’autres nuances. Une symbolique propre de gestes de lutte est introduite et construite par les artistes (dits) révolutionnaires, principalement connus comme les muralistes par leur technique et leur moyen d’expression : Diego Rivera, José Clemente Orozco et David Alfaro Siqueiros parmi d’autres. 

A partir d’un corpus d’image nous tenterons de montrer comme se construisent les variantes d’un geste de lutte dans un pays comme le Mexique qui connaît une période de révolution sociale et politique, à partir de 1910 et jusqu’en 1940. Alors que les gestes de lutte sont peints sur les murs des édifices publics, les artistes donnent forme également à des gestes d’ordre et d’entente. Selon la condition sociale mais aussi le genre et l’ethnicité, le corps se transforme en expression de ce que sera l’homme nouveau métis de l’idéologie de l’Etat post-révolutionnaire. 



séance du vendredi 27 mai 2016

Anaïs Lelièvre, artiste plasticienne et MCF Formation en Arts plastiques à Aix-Marseille. www.anaislelievre.com 

« Figurer l’insaisissable : performance CLOC et processus graphique » 


Les sculptures-performances CLOC sont des gestes de dessaisissement : création lâchée à l’action collective, corps désorienté par la matière, forme métamorphique et imprévisible... Face à cette expérience de l’insaisissable, un processus parallèle de figuration s’impulse comme tentative de ressaisissement, et en éclaire voire en impacte l’évolution. La poïétique de CLOC fait alors apparaître une dynamique ambivalente, dans laquelle actions et images se croisent, se tiraillent, se défont et se relancent, participant de leurs développements respectifs. 
Cette intervention fera également se croiser discours et actions. 



séance du vendredi 29 avril 2016

Mickaël Bouffard, chercheur invité, Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque-Musée de l'Opéra

« La Cavade concinno more : de l’habitus corporel au motif figuratif » 


Esaias van de Velde, Fête dans le jardin d’un palais, 1624, Kunsthistorisches Museum, Vienne

Dans la première moitié du XVIIe siècle, le geste de la cavade (baiser envoyé de la main) foisonne dans l’art avec des connotations qui vont du simple respect à la déclaration amoureuse. Exclusivement masculin, ce geste fut exhumé des textes antiques, puis détourné de son sens originel, pour devenir habitus corporel, notamment lors des rituels de salutation comme celui de la révérence. Le motif figuratif qui en découle ne tire donc pas sa source de la tradition iconographique, mais bien d’une pratique sociale observable par les artistes et dont le signifiant comme le signifié sont appelés à bouger.  



séance du vendredi 25 mars 2016

Mélanie Perrier est chorégraphe, directrice artistique de la Compagnie2minimum ; elle codirige parallèlement le Laboratoire du Geste (Institut ACTE/ UMR Paris 1 Panthéon Sorbonne) où elle mène des recherches autour des formats et outils d’approches des écritures et performances contemporaines, dans lesquelles le geste devient central. Maître de Conférences en Arts plastiques et performance à l’Université Paris IV, elle se concentre sur les liens entre arts plastiques et danse, et le renouvellement des paradigmes et formats de l’action culturelle.

« Geste d’agencement et de mise en lien : pour une performance heuristique »


Le geste sera ici à la fois réel et outil herméneutique. Grâce à un dispositif-protocole que nous expérimenterons ensemble, les gestes d’agencement réalisés par des corps donneront lieu à une ‘performance heuristique’ travaillant un corpus d’images et de textes. Qu’est ce qui se trouve par les gestes ? Qu’est ce que le corps pense et dit dans ses gestes ?



séance du vendredi 26 février 2016

Giovanni Careri est historien de l'art, directeur du CEHTA, directeur d'études à l'EHESS et professeur à l'ENSBA de Lyon. Il a publié récemment Caravage : La peinture en ses miroirs, Citadelles & Mazenod, 2015 et La Torpeur des Ancêtres. Juifs et chrétiens dans la chapelle Sixtine, Paris, éd. de l'EHESS, 2014.

« Qui est Matthieu ? Un geste ambigu dans un tableau du Caravage »

Caravage, La Vocation de saint Matthieu, huile sur toile, 322 x 340 cm,
Chapelle Contarelli de l'Église Saint-Louis-des-Français, Rome




















séance du vendredi 29 janvier 2016

Catherine Vermorel, docteur en histoire de l'art moderne, chercheuse associée au LARHRA, Axe : Art, image, société, catherine.vermorel(at)wanadoo.fr

« Ambigu ou polysémique ? Le geste dans le portrait peint de la Renaissance italienne » 


Sandro Botticelli, Portrait d'un jeune homme, 1482-85, National Gallery of Art, Washington







































Après une brève présentation de l'approche du geste et de la méthodologie proposée par mon travail de thèse, dirigée par Daniela Gallo, qui a porté sur « La gestuelle dans le portrait peint de la Renaissance italienne », je présenterai l'analyse d'un exemple très simple, fréquent au sein du portrait, comme dans d'autres représentations figurées de cette période : le sujet place sa main devant son thorax, paume contre lui. Ce geste peut paraître évident mais il est polysémique et reste ambigu dans certains exemples.




séance du vendredi 18 décembre 2015

Valérie Boudier, CEHTA/EHESS, Université de Lille 3

« Geste équivoque » 


Vincenzo Campi, Cuisine, vers 1580, 145 x 220 cm, huile sur toile, Milan, Pinacoteca di Brera



























Comme il y a une littérature de l’équivoque présente durant toute la Renaissance, je propose que la notion de geste équivoqué puisse être convoquée pour aborder certaines peintures du XVIe siècle. Mon intervention ne consistera pas tant à dresser un inventaire typologique de gestes peints qui me semblent équivoques, parce que liés à cette littérature, que de comprendre comment le geste équivoqué fonctionne dans l’image et comment il fonctionne avec le spectateur. 




séance inaugurale du vendredi 20 novembre 2015

Présentation de l'orientation du séminaire par Valérie Boudier et Anne Creissels, à partir de leurs recherches respectives sur le geste, entre histoire de l'art et anthropologie, à la frontière des arts visuels et des pratiques performatives.

Valérie Boudier, La cuisine du peintre. Scène de genre et nourriture au Cinquecento, PUR, 2010
Anne Creissels, Prêter son corps au mythe. Le féminin et l'art contemporain, Le Félin, 2009
http://compagnieaplusb.blogspot.fr